< Previous10 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Décembre 2020 www.cfnews.net d’EQT dans les années 90 était more than capital, marquant un tropisme ESG scandinave bien avant que cette thématique ne devienne la norme. Le renforcement de l’empreinte « développement durable » est indubita- blement une des tendances fortes renforcées par les effets du contexte sa- nitaire. « L’ESG est un sujet central dans la stratégie long terme de 86 % des grands pourvoyeurs de fonds européens », d’après une étude tout juste publiée par BlackRock en décembre et qui révèle que les institutionnels ambi- tionnent de doubler leurs allocations aux produits durables d’ici cinq ans à travers le monde. En France, les deux champions de l’ESG que sont Ardian et Eurazeo ont accompli une nette accé- lération sur cette thématique ces der- niers mois. C’est Ardian qui a dégainé le premier avec l’annonce en juin de sa nouvelle méthodologie de sustainable buyout, combinant la démarche ESG des fonds classiques avec la mesure de l’im- pact des fonds thématiques. À la rentrée de septembre, Eurazeo lui a emboîté le pas avec l’accélération de sa stratégie ESG dans un programme baptisé O+ et bâti sur deux piliers : un volet environ- nemental avec l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2040 et le volet so- ciétal en promouvant une économie plus inclusive et solidaire. Mais si l’ESG est devenu un must-have pour toutes les sociétés de gestion, seule une poignée de grands acteurs a les moyens d’im- pulser le mouvement de transformation dans les pratiques. Il n’est donc pas étonnant que ce sujet soit porté par les deux plus grands représentants français de la classe d’actifs - et les plus internationaux - : Eurazeo avec ses près de 19 Md€ sous gestion et le champion toutes catégories Ardian et ses 100 Md€ sous gestion. « Les grandes marques du secteur sont les mieux équipées pour répondre, au-delà des rendements, aux attentes en termes de communica- tion, de transparence, et d’ESG notamment », commentait François Aguerre, Partner chez Coller Capital, pour expliquer la tendance à la concentration MARCHÉ L’implantation d’EQT à Paris répond à sa logique naturelle d’expansion sur l’un des marchés les plus dynamiques et attractifs d’Europe. “ ” NICOLAS BRUGÈRE, EQT.L’esprit pionnier en action. Un modèle de croissance durable et rentable, un esprit libre. Acteur majeur en Europe de la gestion d’actifs, nous avons toujours développé une vision pionnière et alternative de nos métiers. Notre stratégie d’investissement repose sur l’alignement d’intérêts avec nos clients, alliant recherche de rentabilité de l’épargne et soutien de la vitalité des entreprises. DETTE PRIVÉE ACTIFS RÉELS PRIVATE EQUITY CAPITAL MARKETS STRATEGIES Alternative Thinking tikehaucapital.com FRANCE I ROYAUME-UNI I SINGAPOUR I BELGIQUE I ITALIE I ESPAGNE I CORÉE ÉTATS-UNIS I JAPON I LUXEMBOURG I PAYS-BAS12 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Décembre 2020 www.cfnews.net MARCHÉ Polarisation des levées E n témoigne le record signé cet été par CVC Capital Partners, qui a augmenté la taille de son huitième fonds de 30 % en collectant plus de 21 Md€, soit bien au-delà de son objectif de 17,5 Md€. La levée du spécialiste paneuropéen du large cap était attendue comme une sorte de baromètre de l’appétit des LPs pour la classe d’actifs, et le nouveau record de la firme britannique conforte encore plus la bipolarisation des levées entre les équipes sursouscrites et celles qui auront encore plus de mal à le- ver. « La crise actuelle favorise les re-up et le repli massif des LPs vers les grandes signatures du private equity ayant déjà traversé des crises et offrant des plateformes rassurantes, souligne Jean-Christel Trabarel. Le fondateur du conseil en levée de fonds Jasmin Capital en déduit logiquement que, pointée par le Baromètre Coller Capital publié en juin. D’après cette étude, les trois quarts des LPs s’attendent à ce que les GPs les plus importants attirent une plus grande proportion du total des montants investis en private equity au cours des cinq prochaines années.13 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Décembre 2020 www.cfnews.net « Les trois principales tendances du private equity mondial que sont la plateformisation, l’internationalisation et la prise en compte de critères ESG sont accélérées et amplifiées par la crise du Covid », estime Emmanuel Laillier, di- recteur du private equity chez Tikehau Capital, dont l’incursion récente dans la classe d’actifs a joué sur ces trois grands axes. Le gestionnaire d’actifs alternatifs aux 27,2 Md€ sous gestion, a réussi en moins de trois ans à construire une nouvelle ligne de métier disposant de 3 Md€ d’encours à fin septembre. Cette croissance fulgurante s’appuie à la fois sur la création de fonds sur des niches porteuses (les gros tickets en minoritaire, la transition énergétique) mais aussi sur une stratégie d’acquisitions ciblée dont la première matérialisation fût le rachat d’ACE Management en 2018. Ce dernier a signé cet été le premier closing à 630 M€ du fonds destiné à soutenir la filière aéronautique qui vise un objectif d’1 Md€. Quant aux deux véhicules « maison » lancés en 2018, à savoir le fonds de transition énergétique en partena- riat avec Total, et le fonds de capital croissance généraliste, ils avaient respectivement collecté 510 M€ et 370 M€ à fin 2019, et ont continué à collecter cette année. « L’agilité et l’ADN entre- preneurial sont la marque de fabrique de Tike- hau Capital », revendique Emmanuel Laillier pour expliquer cette capacité à se positionner sur les nouvelles tendances de marché en lien avec le financement de l’économie réelle, et évi- ter les chemins balisés et embouteillés du LBO plain vanilla. Tikehau Capital surfe également sur la démocratisation du private equity auprès des particuliers en lançant, en avril dernier, son premier fonds d’investissement européen à long terme (ELTIF) destiné à la clientèle privée de Banca March en Espagne, et qui répliquera le fonds dédié à la transition énergétique. Tikehau Capital, l’outsider qui surfe sur les nouvelles niches EMMANUEL LAILLIER, TIKEHAU CAPITAL. © David-Morganti « les levées vont se corser pour les first-time funds et les emerging partners à l’exception de ceux positionnés sur des thématiques spécifiques comme les fonds Tech, la santé ou les équipes de situation spéciale. » En effet, les équipes qui ont fait leur coming-out ces derniers mois sont essentiellement positionnées sur le Growth capital ou l’impact (tableau page 12), voire les deux comme Gaia Capital lancé en 2019 par les deux jeunes trentenaires Alice Albizzati et Elina Berrebi, respectivement transfuges de Verlinvest et Eurazeo Growth, et qui visent un closing final à 300 M€ début 2021. 14 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Décembre 2020 www.cfnews.net « La crise du Covid participe à rebattre les cartes de l’industrie du private equity en accélérant les tendances préexistantes à la pandémie », analyse Sabina Comis, associée chez Dechert, qui observe la naissance de nouvelles vocations pour les fonds à tropisme ESG et la multiplication des spin-off de sociétés de gestion pour surfer sur les tendances sectorielles en vogue ou la structuration de véhicules retail pour capter l’épargne des particuliers. Mais si l’engouement pour la classe d’actifs laisse théoriquement la place à l’émer- gence de nouvelles équipes qui apportent du sang neuf et de nouveaux angles au secteur, lancer un first-time-fund dans le contexte actuel est loin d’être une promenade de santé. Certaines équipes ont d’ailleurs dû s’adosser à des institutions établies pour montrer patte blanche à des LPs peu portés sur la prise de risque. Ce fut notamment le cas de Trajan Capital, créé en 2018 par deux anciens d’Edrip, Thomas Duteil et Tanguy Tauzinat, pour adresser des LBO majoritaires sur le small cap et qui a signé un partenariat fin 2019 avec Edmond de Rothschild Private Equity pour impulser la levée de son premier véhicule ciblant entre 120 et 150 M€. Ou encore Move Capital, investisseur spécialisé dans la tech créé début 2017 par Hervé Malausséna, ancien associé au sein de la banque d’affaires Moelis & Company, et qui a dû s’allier à Kepler Chevreux pour désenliser la levée de son premier véhicule sur le growth visant 300 M€ (voir tableau page 17). En dehors des prismes sectoriels, l’ouverture de la clientèle du private equity au-delà des institutionnels et des family offices élargit également le champ des possibles pour un secteur aujourd’hui mature. Nou- veaux arrivants et acteurs historiques surfent sur la tendance à la démocratisation de la classe d’actifs, à l’instar d’Apax qui vient de structurer un nouveau véhicule dédié à l’assurance-vie, baptisé Apax Private Equity Opportunities, ou encore de Tikehau Capital qui a lancé son premier fonds d’investissement européen à long terme (EL- TIF) destiné à la clientèle privée en Espagne (lire encadré page 13). « La démocratisation du private equity vers les particuliers est appelée à s’accélérer afin d’aiguiller l’épargne prolifique des Français vers l’irrigation des PME et S’engager auprès des entreprises et de leurs dirigeants pour les accompagner sur le chemin d’une croissance forte et durable, c’est la mission d’Andera Partners depuis plus de 20 ans. Notre conviction est que l’on ne réussit son développement que lorsque l’on est bien accompagné et que l’on trouve du plaisir à travailler ensemble. 374 rue Saint Honoré 75001 I www.anderapartners.com T : +33 1 85 73 64 00 I F : +33 1 85 73 64 37 Andera PartnersAnderaPartners MARCHÉ La crise actuelle favorise les re-up et le repli massif des LPs vers les grandes signatures du private equity ayant déjà traversé des crises et offrant des plateformes rassurantes. “ JEAN-CHRISTEL TRABAREL, JASMIN CAPITAL.S’engager auprès des entreprises et de leurs dirigeants pour les accompagner sur le chemin d’une croissance forte et durable, c’est la mission d’Andera Partners depuis plus de 20 ans. Notre conviction est que l’on ne réussit son développement que lorsque l’on est bien accompagné et que l’on trouve du plaisir à travailler ensemble. 374 rue Saint Honoré 75001 I www.anderapartners.com T : +33 1 85 73 64 00 I F : +33 1 85 73 64 37 Andera PartnersAnderaPartners16 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Décembre 2020 www.cfnews.net Plateformisation inéluctable ? MARCHÉ Meeschaert Capital Partners veut doubler ses encours en 2021 L’agilité de certaines jeunes sociétés de ges- tion et leurs ambitions de croissance décom- plexées tranche avec l’inertie de certains acteurs historiques du mid market français. Ainsi, Meeschaert Capital Partners, officielle - ment né il y a à peine cinq ans, veut doubler ses encours pour atteindre en 2021 le milliard d’euros sous gestion sur le LBO smid cap et l’immobilier. « Je souhaitais dès l’origine sor - tir du modèle mono-stratégie avec un fonds qui grossit au fur et à mesure des millésimes », témoigne Hervé Fonta, qui a créé l’activité private equity chez Meeschaert en 2012 avant de s’émanciper de la banque privée en 2018. Année à laquelle il a lancé sa première diversification dans l’immobilier, suivie par son activité small cap lancée fin 2019 avec le recrutement de Régis Lamarche, ex-asso - cié de Capital Croissance. « Nous étudions actuellement deux nouvelles pistes de déve - loppement », confie le patron convaincu de la nécessité de construire une plateforme diver - sifiée et cohérente pour répondre aux besoins de ses LPs, tout en préservant son agilité avec des fonds de taille modeste. Quitte à se ris - quer à la croissance externe, exercice que la jeune équipe veut inaugurer à rebours de la tendance de consolidation actuelle. « La plu - part des adossements observés dans le mar- ché ont été dictés par la contrainte », estime Hervé Fonta, qui préfère les unions choisies aux mariages forcés. ETI de l’économie réelle, estime l’avocate, qui souligne toutefois que des verrous réglementaires devront encore être levés afin de permettre aux épargnants d’accéder à cette classe d’actifs de manière plus directe. » HERVÉ FONTA, MANAGING PARTNER, MEESCHAERT CAPITAL PARTNERS. E n attendant, le recentrage des grands LPs inter- nationaux vers un nombre limité de GPs dans une volonté de one-stop-shopping constitue un puissant moteur de croissance et de diversification des sociétés de gestion. La plupart des pure-players semblent résolus à se diversifier a minima sur les seg-17 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Décembre 2020 www.cfnews.net ments limitrophes de leur cœur de cible, comme PAI qui vient de lancer la levée de son fonds mid cap. « Les équipes qui ren- contrent du succès lors de leurs levées se posent légitimement la question de fidéliser leurs LPs et de pérenniser leur société de gestion en démultipliant leurs offres », sou- ligne le conseil en levée, Jean-Christel Tra- barel. Plusieurs lignes de métier permettent en effet d’entretenir sa relation avec les LPs, d’avoir un middle-office plus robuste, d’in- vestir dans des outils et des équipes d’accom- pagnement opérationnel mutualisés pour les portefeuilles des différents fonds et de ne pas être dépendant d’une seule stratégie le jour où un retournement de cycle est moins favorable au buyout. Tous ces arguments plaident pour la « plateformisation » inéluc- table du secteur comme l’ont si bien réussie des géants comme Ardian ou Eurazeo ou des pionniers du LBO tricolore comme Apax et LBO France et, plus récemment, des acteurs du smid market comme Andera Partners, Capza ou encore Siparex, Turenne, ou UI Investissement (lire l’encadré page 20). Que ce soit essentiellement par croissance orga- nique, méthode plus lente mais plus sûre, ou par croissance externe comme l’a illustré Eurazeo avec l’acquisition d’Idinvest il y a deux ans ou par un mixte des deux comme Andera avec Actomezz ou Capza qui vient de racheter Time for Growth pour se lancer dans la tech. De son côté, Eu- razeo prévoit d’accueillir au premier trimestre prochain une équipe dédiée à l’investissement en infrastructures. A l’occasion de la publication de ses chiffres d’activité du troisième trimestre, la société d’investissement diri-18 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Décembre 2020 www.cfnews.net gée par Virginie Morgon a dévoilé des projets de « nombreux fonds spécia- lisés et sur-mesure répondant à des besoins spécifiques des LPs, et auprès d’une clientèle privée. » Quant au spécialiste Infravia, il a débauché chez Idinvest et Bpifrance, pour s’inviter sur le growth fin 2019 et lancé Infra- Via Growth Fund, qui a déjà collecté 270 M€, sur un objectif de levée à 400 M€. Disposant de 4 Md€ d’actifs sous gestion, l’investisseur fondé par Vincent Levita amorce ainsi un premier pas de diversification et ne cache pas sa volonté d’ajouter déjà nouvelles briques. L’évolution des plateformes n’est d’ailleurs pas figée dans le temps et se redessine en fonction des priorités stratégiques des équipes. Ainsi, EQT vient de céder son activité dette à Bridgepoint cet été pour mieux se recentrer sur ses quatre autres métiers : l’immo, l’infra, le LBO et le venture, où il peut mieux jouer « le rôle d’actionnaire impac- tant ». « Ces différentes stratégies se nourrissent entre elles et délivrent toutes des performances excellentes », assure Nicolas Brugère, partner et directeur général d’EQT France, convaincu qu’une équipe mono-stratégie est forcément plus fra- gile dans un environnement incertain. L’investisseur scandinave vient d’ailleurs de compléter sa palette en lançant cet automne une stratégie Growth chapeautée par Marc Brown, ancien responsable du corporate development chez Microsoft. Les fonds mono-stratégie et mono-segment seraient-ils en voie d’extinc- tion ? « La plateformisation n’est pas une fatalité, nuance Jean-Christel Trabarel qui rappelle que certaines équipes réussissent à faire croître leurs AUM de manière substantielle sans avoir besoin de se défocaliser », en citant l’exemple de Latour Capital, dont il a conseillé la levée du troisième véhicule finalisée à plus d’un milliard d’euros cet automne. Après avoir réuni 115 M€ en 2012 pour son premier fonds, et 306 M€ en 2016 pour le successeur, l’équipe créée en 2011 par Cédric Bannel, Philippe Leoni et Alain Madelin (aujourd’hui retiré des affaires), a donc plus que changé de dimension avec son troisième véhicule et vient de s’adjuger le courtier S’engager , c’est TRANSMISSION DÉVELOPPEMENT INNOVATION Votre capital confiance BREST I NANTES I RENNES I PARIS I BORDEAUX I STRASBOURG www.arkea-capital.com ENTREPRISES EN PORTEFEUILLE PLUS DE COLLABORATEURS Mds € ENCOURS SOUS GESTION ANS D’EXPÉRIENCE MARCHÉ Nous n’avons pas identifié de stratégie alternative aussi intéressante et préférons rester centrés sur ce que l’on sait le mieux faire. “ THIERRY RAIFF, EMZ PARTNERS.S’engager , c’est TRANSMISSION DÉVELOPPEMENT INNOVATION Votre capital confiance BREST I NANTES I RENNES I PARIS I BORDEAUX I STRASBOURG www.arkea-capital.com ENTREPRISES EN PORTEFEUILLE PLUS DE COLLABORATEURS Mds € ENCOURS SOUS GESTION ANS D’EXPÉRIENCENext >