< Previous20 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Juin 2022 www.cfnews.net LES BANQUES ONT GARDÉ LA TÊTE FROIDE JEAN-LUC CREACH, DIRECTEUR GÉNÉRAL, UNEXO. S i BNP Paribas Développement est resté à la tête de notre classement pour le segment du small cap, soit les entreprises valorisées moins de 75 M€, la captive bancaire a perdu 4 places dans notre classement global du fait de sa distanciation par les plateformes sur les segments Mid. Idem pour Credit Mutuel Equity qui trônait en haut du classement des entreprises valo- risées plus de 250 M€ en 2020, remplacé en 2021 par Tikehau et ses gros tickets. Ainsi, les filiales bancaires auraient plutôt gardé la tête froide et levé quelque peu le crayon quand ça chauffait trop, confortant finalement leur rôle d’investisseur contra-cyclique. « Les réinvestissements dans notre portefeuille représentent 40% de nos investissements annuels, ce qui aide à rester raisonnable sur les multiples », affirme Christophe Tournier, DG de Crédit Mutuel Equity, qui dispose de 4,4 Md€ d’engagements dans un por- tefeuille de 340 sociétés, dont 3 Md€ sont déployés en capital développement minori- taire en France et à l’International, 300 M€ en venture, 750 M€ en capital-transmis- sion, et le solde en infrastructures. L’omni- présence des banques dans les opérations minoritaires n’est pas pour autant menacée, car ces investisseurs institutionnels de long terme ont prouvé leur capacité d’adapta- tion, tout en restant fidèle à leur ADN de partenaire non intrusif. « Notre capital pru- dent et patient trouve toujours du succès auprès des ETI familiales souhaitant assurer la transmission à la génération suivante », se félicite Jean-Luc Creach, directeur général d’Unexo, capable de rester parfois plusieurs décennies au capital, comme pour le groupe agroalimentaire rennais Galapagos dont Unexo est actionnaire depuis 30 ans. « Les règles de gouvernance ne sont pas aussi figées qu’auparavant, confirme Sébastien Haselint, directeur des investissements chez Unigrains. En tant qu’investisseur sectoriel, notre manière d’accompagner les entreprises ne change pas selon qu’elle soit contrôlée par son fondateur ou par un sponsor financier. » L’accompagnement est en effet devenu l’alpha et l’omega de la création de valeur dans un contexte de surliquidité, et n’a plus rien de l’apa- nage des fonds majoritaires. D’ailleurs, des plateformes d’investissement comme Siparex, qui a significativement étoffé son équipe opérationnelle Moving to the next level Ce n’est qu’en mouvement que les entreprises peuvent être actrices du changement. Notre mission est d’accompagner leur transformation pour leur permettre d’accéder au stade d’après. Spécialiste du capital investissement, Siparex gère 3 Md€ de capitaux. Toujours en mouvement, Siparex finance et accompagne de grandes aventures entrepreneuriales, de la startup à l’ETI. Photo : IStock Paris — Lyon — Lille — Nantes — Strasbourg — Toulouse — Milan — Munich — Bruxelles FONDS MINORITAIRES Moving to the next level Ce n’est qu’en mouvement que les entreprises peuvent être actrices du changement. Notre mission est d’accompagner leur transformation pour leur permettre d’accéder au stade d’après. Spécialiste du capital investissement, Siparex gère 3 Md€ de capitaux. Toujours en mouvement, Siparex finance et accompagne de grandes aventures entrepreneuriales, de la startup à l’ETI. Photo : IStock Paris — Lyon — Lille — Nantes — Strasbourg — Toulouse — Milan — Munich — Bruxelles22 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Juin 2022 www.cfnews.net transverse, mettent de plus en plus le curseur vers des opérations majoritaires. « Quitte à être hands-on, autant être majoritaire », résume Sophie Nordmann, associée chez Siparex ETI, dont les opérations minoritaires ne représentent plus qu’un tiers des deals annuels, contre la moitié il y a quelques années. « Nos investissements minoritaires sont désormais circonscrits à des secteurs à très forte croissance comme la plateforme de services pour les CGP Orion emportée récemment, mais ce sont des process très concurrentiels où l’on FONDS MINORITAIRESS’engager auprès des entreprises et de leurs dirigeants pour les accompagner sur le chemin d’une croissance forte et durable, c’est notre mission depuis 20 ans. 2 place Rio de Janeiro 75008 I www.anderapartners.com T : +33 1 85 73 64 00 I F : +33 1 85 73 64 37 Andera Partners AnderaPartners Notre conviction est que l’on ne réussit son développement que lorsque l’on est bien accompagné et que l’on trouve du plaisir à travailler ensemble. En 2022, Andera Partners fête ses 20ans.24 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Juin 2022 www.cfnews.net retrouve surtout des fonds majoritaires devenus moins regardants sur la gou- vernance dès qu’il s’agit de cibles attractives. » C’est donc un retournement de situation assez spectaculaire qui voit les anciens acteurs du cap-dév regar- dés de haut par les fonds LBO se positionner sur les deals les plus courus, y compris dans la Tech où ils vont chercher les pépites de croissance à la source. « Beaucoup de startup créées il y a une quinzaine d’années sont désormais éligibles au LBO sans forcément passer par la case venture », souligne Maxence Radix, directeur général chez Capza dont le prisme tech se traduit à la fois dans sa stratégie Flex equity et via son fonds Growth. FONDS MINORITAIRES25 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Juin 2022 www.cfnews.net QUAND LES MANAGERS DEVIENNENT MAÎTRES DES HORLOGES D ans un environnement concur- rentiel exacerbé, les dirigeants des pépites convoitées peuvent tout se permettre… au point de prendre de plus en plus souvent le contrôle de leurs entreprises et acculer les actionnaires financiers à un rôle de minoritaire consentant. Une velléité amplifiée par l’attitude de certains fonds de LBO qui n’ont pas hésité à raccourcir leur durée de détention pour profiter de la flam- bée des valorisations. « Les promesses d’ac- compagnement à long terme de certains fonds majoritaires ont fait long feu face à la tentation de beaux TRI de sortie », observe Laurent Fichter, associé d’Andera Acto. « L’engouement pour le sponsorless a alors été porté par la volonté des dirigeants de se prémunir contre les process à répétition et les LBO raccourcis à quelques mois. » Le cas de Sogetrel en offre un exemple édifiant : deux ans à peine après son LBO quater- naire avec Latour Capital, le management de l’intégrateur de réseaux télécoms aux 700 M€ de revenus s’est émancipé grâce à un sponsorless mené par Andera Acto avec quatre co-investisseurs. Si le dirigeant n’était pas encore mûr pour prendre le contrôle de l’entreprise au tour précédent, sa lassitude des process à répétition, et dans un laps de temps de plus en plus court, l’aurait convaincu de sauter le pas cette fois- ci. Ce LBO quinte a donc dû à la fois satisfaire les attentes de valorisa- tion de Latour Capital, qui a cédé l’entreprise quelque 300 M€, soit près du double du prix payé deux ans plus tôt, et l’envie du manage- ment de prendre en main son destin et de s’inscrire dans un cycle plus long. Ce fut également le schéma choisi par Enaco. Le capital de cette école de commerce en ligne roubaisienne a été repris fin 2021 par sa dirigeante-fondatrice à Re-Sources Capital, grâce à l’intervention d’Andera Acto. Idem pour legal2digital, le groupe des Affiches Parisiennes, qui suc- combe au sponsorless après deux opéra- tions avec des financiers majoritaires, le duo IDI-Paris Orléans et ensuite Galiena Capital. Ou encore la société de services en cybersé- curité Synacktiv qui opte directement pour le sponsorless sans passer par la case majo. LAURENT FICHTER, ASSOCIÉ, ANDERA ACTO. E t qui dit accompagnement opérationnel dit également prisme sectoriel. En cela, les investisseurs minoritaires peaufinent aussi leurs angles pour se positionner sur des verticales en vogue et sur lesquelles ils disposent d’un track record différenciant. C’est le cas de Turenne par exemple qui a développé des expertises reconnues dans 26 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Juin 2022 www.cfnews.net A l’autre extrême du spectre, Tikehau a d’ailleurs fait une belle dé- monstration de sa force de frappe et de son agilité en devenant le premier actionnaire du groupe d’ingénierie Egis, via son fonds dé- dié à la transition énergétique qui a pris 40% du capital aux côtés de la Caisse de Dépôt et de Consignation, laquelle dilue sa participation de 75% à 34%. Un process remporté à la barbe des usual suspects de l’Upper Midcap comme Bain Capital, Clayton, Dubilier & Rice, PAI Partners et Latour Capital. « Peu importe d’être minoritaire ou majoritaire, c’est la qualité du pro- jet de transformation qui prime », tranche Emmanuel Laillier, directeur de l’activité private equity de Tikehau. « Nous sommes capables de nous posi- tionner en investisseur majoritaire quand il s’agit d’opérations de capital- développement dans lesquelles les dirigeants et salariés restent très investis Feu la décote du minoritaire la santé et l’hôtellerie notamment via des fonds sectoriels dédiés qui peuvent co-investir avec ses fonds d’investis- sement généralistes régionaux couvrant un maillage ter- ritorial de sept implantations. L’investisseur small cap a signé plusieurs OBO primaires en 2021 comme celui du groupe spécialisé dans l’aménagement et le génie clima- tique d’espaces tertiaires Ocellis via son fonds Emergence, ou celui du fabricant de couches bio et écolo Naturopera via son fonds Regain 340. Il ajoute désormais à son arse- nal l’outil « obligations relance » dont il s’est vu confier une enveloppe de 220 M€ à déployer conjointement avec Geneo. « Cet outil non dilutif est un excellent moyen de démontrer notre capacité d’accompagnement et de création de valeur à des dirigeants d’entreprises pas encore prêts à ouvrir leur capital », soutient Christophe Deldycke, pré- sident du directoire de Turenne Groupe. La preuve s’il en est de l’extrême richesse de l’offre minoritaire proposée aux actionnaires de PME et ETI avec une variété d’instru- ments financiers et de modes de gouvernance, des moins intrusifs aux plus « hands on ». FONDS MINORITAIRES Peu importe d’être minoritaire ou majoritaire, c’est la qualité du projet de transformation qui prime. EMMANUEL LAILLIER, DIRECTEUR DE L’ACTIVITÉ PE, TIKEHAU.27 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Juin 2022 www.cfnews.net au capital voire se reluent, comme nous l’avons fait pour Sterne en octobre 2021 », poursuit l’investisseur, qui mise des tickets de 20 à 150 M€ dans ses verticales de prédilection : la transition énergétique, le digital, l’aéro, la cyber-sécurité et, depuis peu, l’agriculture régénératrice. La filiale du ges- tionnaire d’actifs alternatifs aux 34 Md€ sous gestion, dont 4,3 Md€ pour son activité private equity, se distingue également par un tropisme ESG qui lui a fait investir dans le dernier tour de table atypique de CETIH, ETI de la menuiserie et de l’énergie solaire devenue société à mission, dont le dirigeant a transmis 40 % de sa participation à un fonds de dotation philan- thropique, ou encore dans Brut, première entreprise média certifiée BCorp. D e fait, la décote historiquement liée aux opérations minoritaires fait désormais partie de la préhistoire. « Avec une participation de moins de 20%, on peut encore espérer une décote si l’on in- vestit auprès d’une famille qui veut rester majoritaire, mais dès que l’on devient un actionnaire significatif avec plus de 35% du capital, la décote disparait », décrypte Sophie Nordmann. Siparex ETI navigue d’ailleurs encore entre ses nouveaux deals, LBO de place signés ces derniers mois comme Destia, Winncare et Orion, et ses investissements historiques dans des ETI familiales, comme Maped, Bouvard, Lacroix et LNA, regroupés dans un fonds de continuation en 2021 afin de cristalliser la valeur sur un temps plus long. La mue des acteurs historique du minoritaire français Les « obligations relance » sont un excellent moyen de démontrer notre capacité d’accompagnement et de création de valeur à des dirigeants d’entreprises pas encore prêts à ouvrir leur capital. CHRISTOPHE DELDYCKE, PRÉSIDENT DU DIRECTOIRE, TURENNE GROUPE.28 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Juin 2022 www.cfnews.net SUR CFNEWS EN LIGNE > > > > À LIRE AUSSI FONDS MINORITAIRES affichant un résultat net positif, dont le siège social est situé en France, au capital desquelles les investisseurs financiers représentent chacun une part minoritaire. Sont donc comprises les prises de participations minoritaires dans une société majoritairement contrôlée par un pool d’investisseurs financiers, mais pas les co-investissements auprès d’un sponsor majoritaire. les investissements en fonds propres et/ou quasi fonds propres, les reclassements de titres, les augmenta- tions de capital, les transmissions à effet de levier (LBO, MBO, OBO…) ainsi que les build- up, à la condition que la société acquéresse ne soit pas majoritairement détenue par un seul investisseur financier. s’accélère donc dans un contexte où l’indus- trie n’a jamais été aussi prospère. Sauf que les nuages qui s’amoncellent dans le ciel des ac- teurs économiques depuis la guerre en Ukraine pourraient bien gripper le rythme effréné de ces derniers mois. « Nous n’observons pas encore de ralentissement au premier semestre 2022, mais nous nous attendons à un coup de frein sur les transactions dans les prochains mois et un ajustement des prix en fonction de critères plus rationnels liés aux fondamentaux de l’entre- prise ainsi que des facteurs de résilience qui lui sont propres », estime Christophe Tournier, di- recteur général de Crédit Mutuel Equity. D’ores et déjà, certaines verticales considérées comme covid-proof comme l’agro ne suscitent plus autant d’appétit depuis la guerre en Ukraine. « Nous voyons le repli des fonds généralistes sur les process d’entreprises impactées par la flambée de l’énergie, la hausse des matières premières et les difficultés de la supply chain », indique Sébastien Haselint, directeur d’inves- tissement chez Unigrains, dont le prisme secto- riel lui permet de se projeter au-delà des crises conjoncturelles que la filière traverse de ma- nière de plus en plus rapprochée. « Nous avions investi chez Cristal Union en 2019 au moment où les sucriers subissaient une brutale chute des cours aujourd’hui complètement surmontée », rappelle l’investisseur détenu par la profes- sion céréalière, qui a remis au pot début 2022. A charge pour les autres acteurs du minoritaire de prouver leur agilité dans le contexte actuel comme ils ont démontré leur capacité d’accom- pagnement pendant la crise sanitaire.PARTICIPEZ À LA 7 ÈME ÉDITION DE L’ANNUAIRE ESG CONTACTEZ-NOUS contact@cfnews.net Avec le soutien de : cfnews.net CLIQUEZ ICI POUR DÉCOUVRIR L’ÉDITION 2021/2022 FONDS D’INVESTISSEMENT : FRANÇAIS/ANGLAIS En accès libre Fiche téléchargeableNext >