< Previous30 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Avril 2021 www.cfnews.net nels, défend Antoine Le Bourgeois, associé d’Andera Mid Cap. En l’occurrence, dans un primaire, quand le dirigeant d’entreprise tient absolument à renforcer l’institutionnalisation de son tour de table en nous demandant de faire une place de suiveur à une filiale ban- caire ou à Bpi, ou encore lors de belles sorties qui se transforment en cessions partielles car il serait dommage de renoncer à un actif auquel on croit dans un environnement aussi concurrentiel. » D e son côté, Siparex fait également preuve de pragmatisme dans ses modes d’intervention, alternant entre les opérations majoritaires, les tours de tables avec des pools très élargis et les ouver- tures de capital où il est le seul investisseur de référence. Ce fut ainsi le cas en 2020 de son fonds ETI qui a convaincu les fondateurs du prestataire de services tech- niques au bâtiment Batibig de l’accueillir seul à bord ou encore chez le fabricant coté d’automatismes et d’équipements électriques Gérard Perrier Industries avec lequel il renoue après avoir déjà été actionnaire pendant deux précédents quin- quennats (2005-2010 et 2012-2017). Un repli sur les valeurs sûres aussi bien du côté des investisseurs en mal de nouvelles cibles résilientes que des dirigeants qui ont déjà tissé des relations de confiance avec leurs anciens actionnaires financiers. « En cette période de forte volatilité, nous nous sommes davantage concentrés sur les équipes de management, les métiers ou secteurs que l’on connaît bien », confie Florent Lauzet, associé de l’activité ETI de Si- parex. Il faut dire que les minoritaires sont de grands sentimentaux qui s’attachent aux entreprises et aux dirigeants au point de vouloir rester longtemps, ou de revenir régulièrement à chaque reconfiguration capita- listique. Ces allers-retours ont toujours été la spécialité des filiales de banques qui revendiquent des durées de détention se comptant presque en décennies, mais la rareté des beaux actifs et l’intensification de la concur- rence a converti également des fonds privés, sous la pression de déployer une « dry powder » prolifique. SUR CFNEWS EN LIGNE > > > À LIRE AUSSI FONDS MINORITAIRES Le deal flow est porté par les sujets de croissance externe. “ FLORENT LAUZET, ASSOCIÉ DE L’ACTIVITÉ ETI, SIPAREX.GESTION DES ALERTES ABONNEZ-VOUS EN CLIQUANT ICI Testez gratuitement nos offres durant 8 jours abo@cfnews.net SAUVEGARDE DES ARTICLES ERGONOMIERAPIDIDÉ Actualités, exclusivités ou veille Réception de l’information en direct Sélection en 1 clic Mémorisation Intuitif Efficace Puissant Détaillé Pratique Accessible MULTI-DEVICE innove ! CFNEWS .net32 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Avril 2021 www.cfnews.net POUSSÉS PAR LEURS LPS ET LE CADRE RÈGLEMENTAIRE, MAIS AUSSI PAR UN CHAN- GEMENT DE SOCIÉTÉ ET DE GÉNÉRATION, LES FONDS DE CAPITAL-INNOVATION S’ACTIVENT À LEUR TOUR. BAPTISTE RUBAT DU MÉRAC S e tenant jusqu’ici relativement à l’écart des problématiques extra-fi- nancières, le venture avance désormais à marche forcée et rattrape d’autres segments du capital-investissement. « Le sujet ESG s’est beaucoup diffusé côté GPs depuis deux ans, avec récemment un sentiment d’urgence », résume Pauline Roux, co-responsable de la commission venture/ growth (ex capital-innovation) chez France Invest et associée d’Elaia Partners. Au point même que « plus aucune société de gestion ne peut faire l’impasse aujourd’hui sur une stratégie ESG », selon Florence Moulin, avocate associée chez Jones Day et comptant de nombreux clients VCs. La crise du Covid-19 a contribué à ce changement de rythme en obligeant les investisseurs, comme les LA VAGUE LES VC S ESG PRENNENT CAPITAL-INNOVATION33 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Avril 2021 www.cfnews.net Nouvelle ère D ’autant que la perception sur les performances des investisse- ments dans des cibles cherchant à améliorer la situation environ- nementale, sociale ou de gouvernance évolue. « Après une période d’ignorance pendant laquelle les fonds avaient en tête le seul retour sur investissement, suivie d’une autre marquée par l’antagonisme entre problé- matiques ESG et performance financière, nous entrons dans un troisième âge, considère Matthieu Lattes, autre responsable de la commission venture Des LPs déréférencent désormais des GPs sur ces sujets là. “ ” PAULINE ROUX, ASSOCIÉE D’ELAIA, CO-PRÉSIDENTE DE LA COMMISSION VENTURE/GROWTH, FRANCE INVEST. autres acteurs économiques, à s’interroger notamment sur l’impact de l’activité humaine sur l’environnement. Plus largement, ce contexte nouveau a renforcé une prise de conscience dans la société en général pour créer un monde plus du- rable et solidaire. Chez les entrepreneurs de la tech, cet état d’esprit apparaît par- ticulièrement bien ancré. Au-delà des investisseurs déjà convaincus, l’ensemble des VCs, par nature proches des start-up, ne peuvent rester à l’écart de ce mou- vement et participent ainsi aux initiatives comme Sista ou Tech for Good. Photo : Martin Bech - Dmitry Rukhlenko - Adobe Stock34 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Avril 2021 www.cfnews.net CAPITAL-INNOVATION Pression des LPs A u-delà de l’évolution des mentalités, les sociétés de gestion s’adaptent par nécessité. La pression des LPs se fait en effet plus forte, particuliè- rement dans le capital-innovation. « Historiquement, les LPs avaient beaucoup moins d’attentes dans le venture capital que dans le buyout, car un fonds majoritaire a davantage les manettes sur l’activité de ses participations qu’un minoritaire. Mais certains institutionnels deviennent très sensibles à ces thèmes, conduisant les nom- breux VCs de la place à mettre en avant cette dimension d’impact », explique Jean-Christel Trabarel, associé fondateur de l’agent de placement Jasmin Capital. Marc Guyot, président de la commission ESG de France Invest et en charge de l’ESG chez LBO France, complète cet avis. « S’il est vrai que le sujet est davantage développé dans le domaine des LBO et que ce phéno- mène est globalement plus récent dans le capital-risque, certains LPs l’ont déjà intégré depuis quelques années comme nous l’avons constaté dans notre activité de venture en santé digitale. Quant à nous, nous avons dès le départ en 2016 pris ces aspects en considération dans cette activité car celle-ci est largement fondée sur une approche sociétale et parce que nous considérons que la gouvernance et les ressources humaines sont essentielles dans le capi- tal-risque. » QUELQUES CHARTES ET CERTIFICATIONS ADOPTÉES PAR LES VCS FRANÇAIS Principes pour l’Investissement Responsable (ONU) Charte Sista Leaders for Climate Change Initiative Climat International Entreprise à mission B Corp 22 12 4 9 4 2 SIGNATAIRES de France Invest et associé chez White Star Capital. Celui de la maturité des GPs, des LPs et de salariés de start-up qui ont compris que la prise en compte de ces critères était bénéfique pour tout le monde. L’exemple d’entreprises gagnant ainsi la confiance des consommateurs par une approche authenti- quement impactante et croissant donc plus vite, est parlant. » (lire encadré page35).35 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Avril 2021 www.cfnews.net Entrée en vigueur de Disclosure La tech for good en plein essor Dans le non coté, le rythme des investisse- ments dans le secteur de la tech à impact s’ac- célère. En 2020, ces sociétés ont levé 14,7Md$ en Europe et en Amérique du Nord, soit plus de 50 % de hausse sur un an, selon une étude de la banque d’affaires GP Bullhound. Pour des tickets moyens passant de 12,4 à 22,2 M$, por- tés par des gros tours dont ceux des français EcoVadis (180 M€) et BackMarket (110 M€). Les acteurs de la « tech soutenable » profite- raient de valorisations supérieures à celles leurs homologues traditionnels, de l’ordre de 5 à 10 % dans les modèles Saas et jusqu’à 30 % dans le commerce en ligne dont les places de marché. Parmi les fonds les plus actifs dans les gros tours (à partir de la série C) de cibles relevant des critères ESG et d’impact en Europe et Amérique du Nord figurent Bpifrance, troi- sième derrière les californiens Founders Fund et Lightspeed, ainsi que Partech. L es souscripteurs institutionnels, à commencer par les assureurs, se font donc plus insistants dans l’en- semble, poussés en partie par leurs propres clients comme l’illustre l’explosion de la collecte d’épargne soli- daire de 24 % en 2019. Mais leur attitude varie fortement. « Certains LPs se contentent de demander que les gérants cochent quelques cases de questionnaires, d’autres vont un peu plus loin et un troisième profil, très nouveau, ne veut investir que dans des fonds résolument ESG », estime Nico- las Celier, associé de Ring Capital et à l’origine, avec trois entrepreneurs, du fonds d’impact In- vestir & Plus. Le contexte réglementaire a lui aussi changé puisque, depuis le 10 mars, s’ap- plique le règlement européen SFDR (Sustainable Finance Disclosure Reporting) ou « Disclosure » contraignant les investisseurs, GPs comme LPs, à révéler leur façon de prendre en compte ou non les critères ESG. Une obligation de trans- parence devant s’inscrire dans le règlement Le phénomène ESG est plus récent dans le capital-risque que dans le LBO. “ MARC GUYOT, PRÉSIDENT DE LA COMMISSION ESG, FRANCE INVEST.36 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Avril 2021 www.cfnews.net CAPITAL-INNOVATION des fonds. « Depuis le début de l’année, tout le monde dans la communauté VC s’y est mis, poussé par les LPs demandant des informations plus précises, confie Paul Bazin, investisseur chez Daphni en charge de l’ESG. Pour notre part, nous agissons avant tout au niveau de nos choix d’inves- tissements, mais avons par ailleurs toujours demandé à nos futures parti- cipations une clause de reporting ESG dans le pacte d’actionnaires, étayée depuis le lancement de notre second fonds en septembre. » Daphni tra- vaille par ailleurs, comme Alven, Idinvest, Founders Future et Breega, avec Leaders for Climate Action, initiative allemande visant à intégrer dans les pactes une « clause de durabilité » générique. Chartes et labels en tout genre L es options ne manquent pas pour signifier son engagement pour un monde plus soutenable. La plus ancienne est probablement l’ini- tiative onusienne des Principes pour l’Investissement Responsable (PRI), signées par 22 acteurs français du venture, d’Omnes et Partech en 2009 à Korelya Capital il y a trois mois. Parmi les autres chartes popu- laires figurent Sista, adoptée par douze VCs afin de promouvoir la pré- sence de femmes dans les start-up financées comme dans les fonds, ou encore Initiative Climat International, lancée en 2015 par une poignée de gros acteurs du buyout (voir le tableau page 34). « Les Principes pour l’In- vestissement Responsable des Nations Unies, tout le monde ou presque Ne pas avoir de stratégie ESG à présenter à un souscripteur potentiel devient un deal breaker. “ JEAN-CHRISTEL TRABAREL, ASSOCIÉ, JASMIN CAPITAL.37 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Avril 2021 www.cfnews.net les a signés, en particulier en France, tempère l’agent de placement Jean-Christel Traba- rel. Ce n’est donc pas différenciant mais, au contraire, ne pas être signataire représente une anomalie. D’une manière générale, même dans le capital-innovation, ne pas avoir de stratégie ESG à présenter à un souscripteur potentiel devient un deal breaker. » Ne pas lever sans ESG ? L e risque est grand de ne pas réussir à lever. « Des LPs déréfé- rencent désormais des GPs sur ces sujets là, assure Pauline Roux. Et les sociétés de gestion ne peuvent plus se contenter de formuler des intentions vagues mais doivent être dans le factuel. » Certes, des VCs ont pu lever récemment sans avoir de politique ESG marquée, mais même eux travaillent en ce moment dans cette direction, à l’image de Singu- lar ou d’Isai. Pourtant, la réalité du capital-innovation, celle de petites équipes d’investisseurs finançant des jeunes pousses, conduit à s’interro- Des VCs labelisés « impact » Signe d’un rapprochement entre le monde du capital-investissement traditionnel et celui de l’impact, France Invest et le Forum pour l’Inves- tissement Responsable ont abouti à une défi- nition commune de l’investissement à impact après deux ans de travail. Publiée le 18 mars, celle-ci réunit intentionnalité, soit la volonté de l’investisseur de contribuer au développement durable, contribution de l’investissement à l’im- pact, mesure de cet impact et, quand existe une rémunération à la performance, alignement des intérêts entre l’équipe de gestion et les souscripteurs. Quelque 60 sociétés de gestion, actives dans le coté et le non coté, distribuant 190 véhicules totalisant 35 Md$, entrent dans cette définition. Parmi elles, quelques acteurs, au moins sur une partie de leurs activités, du capital-innovation : Alter Equity, A plus Finance, Founders Future, Go Capital, Ring Capital, Inco Ventures, Citizen Capital, Starquest et XAnge. Ce dernier doit sa place à Mutuelles Impact, fonds de 50 M€ abondé par 44 mutuelles et dont il a obtenu la co-gestion l’année dernière avec Investir & Plus. La réalité du capital- innovation… conduit à s’interroger sur ses capacités à analyser en profondeur les enjeux de développement durable. 38 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Avril 2021 www.cfnews.net CAPITAL-INNOVATION L a prise en compte grandissante des problématiques de développe- ment durable chez les professionnels du capital-innovation reflète aussi un changement générationnel. « Chez pas mal d’équipes jeunes, ayant la trentaine ou la petite quarantaine, il s’agit d’un vrai sujet de préoccupation. À mesure que cette génération monte en responsabilité, ces questions deviennent centrales dans le fonctionnement et la stratégie des fonds », observe Florence Moulin. Certains lancent des sociétés de gestion ayant d’emblée l’ESG au cœur, à l’image de 2050 de Marie Ekeland, de Gaia Capital Partners d’Elina Berrebi et Alice Albizzati, ou encore d’Euto- ger sur ses capacités à analyser en profondeur les enjeux de développement durable. Bpifrance, dénominateur commun de la quasi totalité des fonds tricolores, n’adapte pas à ce seg- ment ses questionnaires ESG standard portant sur les sociétés de gestion et sur les sociétés en portefeuille. Et les VCs y sont habitués, puisque la banque publique prend formellement en compte les critères ESG dans ses décisions de financer des capital-risqueurs depuis plus de cinq ans. Pauline Roux, de France Invest, souligne néanmoins, comme d’autres, qu’ « on ne peut pas demander à une start-up la même chose qu’à une grosse société qui en est à son troisième LBO. » Cherchant à se montrer exemplaires, certaines équipes s’en- gagent au niveau de leur société de gestion. Blisce et Eutopia sont les seuls VCs français, auxquels on peut ajouter le fonds d’impact Citizen Capital, à avoir obtenu la certification amé- ricaine B-Corp, relativement exigeante. D’autres comme Ring Capital y travaillent mais la procédure peut prendre 1,5 an. À l’échelle hexagonale, le statut d’entreprise à mission, en plein essor, a été adopté à ce jour par Eutopia, Citizen Capi- tal, Wiseed et Maif Avenir. La labellisation de véhicules (ISR, Greenfin…) constitue une autre façon de montrer son enga- gement. Il manque de fonds d’impact venant du VC traditionnel. “ ” NICOLAS CELIER, ASSOCIÉ, RING CAPITAL.. Nouvelle génération d’investisseursPRIVATE EQUITY PRIVATE DEBT INFRASTRUCTURE Agent de Placement Transaction Secondaire Syndication de Co-investissement Rapprochement de Sociétés de Gestion Conseil Marketing / Etude d’image Conseil pour Family Offices et Investisseurs Institutionnels Quelques clients +33 (0)1 83 62 82 59 - contact@jasmincapital.com www.jasmincapital.com Conseil en Investissement non côtéNext >