< Previous40 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Mars 2022 www.cfnews.net LEVÉES DE FONDS Embouteillage en 2022 ? L oin de la concentration attendue qui avance au compte-goutte, le secteur n’a jamais connu autant de créations de nouvelles sociétés de gestion. Ainsi, dans son bilan 2021, Bpifrance annonce avoir soutenu via son fonds de fonds une vingtaine de First-Time Funds, soit plus du quart des équipes accompagnées par la banque d’investissement publique. Mais quel est le secret de toutes ces vocations d’indépendance nées en pleine pandémie ? « Le covid a été un moment propice à la prise de risques. Avec la menace qui a pesé sur les carried des portefeuilles constitués avant la crise, certains associés d’équipes bien établies se sont sentis plus libres de se lancer dans l’écriture d’une page blanche », analyse Jean-Christel Trabarel (Jasmin Capital). Mais si l’engouement pour la classe d’actifs laisse théoriquement la place à l’émergence de nou- velles équipes qui apportent du sang neuf et de nouveaux angles au sec- ne rencontrent pas le même succès », nuance le fondateur du cabinet de conseil en levée Jasmin Capital : « Les LPs préfèrent en général des équipes qui ont déjà travaillé et performé ensemble, les spin-off de GPs ont plus de chance de les attirer que les first-time teams. » C’est ainsi le cas d’un duo d’anciens de Cinven, Xavier Geismar et Julien Lammoglia, qui vient de lancer un nouvel acteur sur le marché déjà embouteillé du mid cap français. Baptisé Arev Partners, le premier véhicule de l’équipe affiche déjà une taille de 300 M€ pour investir des tickets de 20 à 60 M€ dans des entreprises valorisées entre 40 et 200 M€. BAUDOUIN D’HEROUVILLE, ASSOCIÉ, INITIATIVE & FINANCE. Tomorrow, le fond mid-cap à tropisme ESG d’Initiative & Finance vient de signer son premier closing au-dessus de la moitié de l’objectif final à 350 M€.PRIVATE EQUITY PRIVATE DEBT INFRASTRUCTURE Agent de Placement Transaction Secondaire Syndication de Co-investissement Rapprochement de Sociétés de Gestion Conseil Marketing / Etude d’image Conseil pour Family Offices et Investisseurs Institutionnels Quelques clients +33 (0)1 83 62 82 59 - contact@jasmincapital.com www.jasmincapital.com Conseil en Investissement non côté42 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Mars 2022 www.cfnews.net CAPZA6100AXA880000MAJORITAIREFÉVR-22 OMNES PRIVATE EQUITY 5000IDI 577MINORITAIREJANV-22 STARQUEST300MONTEFIORE2300MINORITAIREJANV-22 RE-SOURCES80COMPAGNIE LEBON80MAJORITAIREJANV-22 EPOPÉE GESTION270TIKEHAU AM & OFI AM 35000 ET 75000 MINORITAIREJANV-22 KURMA PARTNERS500EURAZEO18500MAJORITAIRESEPT-21 PECHEL 150SPARRING CAPITAL350MAJORITAIRESEPT-21 TILT CAPITAL PARTNERS OBJECTIF 250 SIPAREX3000MAJORITAIRESEPT-21 ESSLING CAPITAL450 DOMNIN DE KERDANIEL ET FILIPPO MONTELEONE N/AMAJORITAIREAVR-21 ZAIST CAPITAL PARTNERS (**) 100 (OBJ 250) ANDERA PARTNER3200MAJORITAIREFÉVR-21 (*) En millions d’euros - (**) renomé Andera Infra Source : Sociétés/CFNews SOCIÉTÉ PRISE DE PARTICIPATION MONTANT SOUS GESTION (*) MONTANT SOUS GESTION (*) ACQUÉREURDATE LES RACHATS DE SOCIÉTÉS DE GESTION DEPUIS 2021 LEVÉES DE FONDS teur, lancer un first-time-fund dans le contexte actuel est loin d’être une promenade de santé. Plus que jamais, la polarisation du secteur favorise les re-up et le repli massif des LPs vers les grandes signatures du private equity ayant déjà traversé des crises et offrant des plateformes rassurantes. A cet égard, l’année 2022 s’annonce intense avec le retour de plusieurs grands GPs français sur le chemin de la levée comme PAI et Astorg qui s’apprêtent à lever leurs véhicules « flagships » après avoir brillamment réussi leur descente sur le segment inférieur en levant respec- tivement 920 M€ pour le premier fonds midcap de PAI et 1,3 Md€ pour celui d’Astorg. Les nouvelles équipes auront fort à faire pour se distinguer dans cet engorgement de levées où les performances du passé risquent de peser plus lourd que les promesses de l’avenir. SUR CFNEWS EN LIGNE > Montefiore se rapproche d’un fonds greentech > Le premier fonds mid-cap d’Astorg atteint son hard cap > Pechel s’adosse À LIRE AUSSI PARTICIPEZ À LA 7 ÈME ÉDITION DE L’ANNUAIRE ESG CONTACTEZ-NOUS contact@cfnews.net Avec le soutien de : cfnews.net CLIQUEZ ICI POUR DÉCOUVRIR L’ÉDITION 2021/2022 FONDS D’INVESTISSEMENT : FRANÇAIS/ANGLAIS En accès libre Fiche téléchargeableYoplait repris par Sodiaal, Panzani cédé à CVC, André Bazin dans le giron d’Eureden… 165 transactions ont eu lieu l’an passé, dont plus de la moitié menées par des industriels, revenus en force sur les deals. Avec des valorisa- tions record en 2021, dépassant parfois 10x l’Ebitda, ce secteur prioritaire poursuit sa mue dans un contexte de relance. PAR AURORE BARLIER RÉSILIENCE UNE QUI FAIT L’AGRO-ALIMENTAIRE RECETTE FOCUS SECTORIEL - AGRO-ALIMENTAIRE 44 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Février/mars 2022 www.cfnews.net © Parilov - Adobe Stock2 021a été une année exceptionnelle en termes de nombre de tran- sactions réalisées sur le secteur agro-alimentaire », pose Jacques Ropartz, directeur associé chez CFI Athema. Un constat qui se vérifie à la lecture des opérations référencées par CFNEWS, soit 165 opéra- tions (capital-investissement, LBO, IPO et M&A) lors de l’année écoulée, contre 135 en 2020 et 158 en 2019. Parmi les plus gros deals de 2021, figurent notamment le rachat de Panzani par CVC pour 550 M€, la vente de Cémoi à Sweet Products pour former un ensemble d’1,2 Md€ de chiffre d’affaires, ou encore celle de Leerdammer à Lactalis pour 700 M€ (voir l’infographie ci- 45 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Février /mars 2022 www.cfnews.net46 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Mars 2022 www.cfnews.net FOCUS SECTORIEL - AGRO-ALIMENTAIRE Des coopératives dynamiques C ertains dossiers présents de longue date sur le marché ont, eux aussi, réussi à se déboucler. Frial, spécialiste normand des produits surgelés aux 182 M€ de revenus, a ainsi trouvé preneur auprès du groupe Le Duff. La transaction est d’ailleurs révé- latrice d’une tendance de taille : l’arrivée en force des industriels, qui concentrent 85 deals sur l’année, alors qu’ils « représentaient tradi- tionnellement le tiers du volume des transactions », compare Auré- lien Ferrand, directeur d’affaires chez Sodica CF. Cette dynamique a été largement alimentée par les coopératives, comme en témoigne l’acquisition de Yoplait par Sodiaal ou encore de Soufflet par InVivo moyennant 2,2 Md€. Les coopératives régionales ne sont pas non dessous). Un dynamisme qui s’explique en partie par le report de certaines opérations de 2020, mais aussi par le flegme des investis- seurs. « La quasi-totalité des LBO est menée par des fonds spécia- lisés ou disposant d’un track-record dans ce secteur leur permettant de se différencier et de maîtriser les paramètres d’investissement, surtout dans les périodes un peu chahutées comme celle que nous avons traversée depuis deux ans », rappelle Ronan Lauzel, direc- teur d’affaires chez Sodica Corporate Finance. La quasi-totalité des LBO est menée par des fonds spécialisés. RONAN LAUZEL, DIRECTEUR D’AFFAIRES, SODICA CF. LES OPÉRATIONS AGRO-ALIMENTAIRES DE 2021 PAR TYPOLOGIE DE TRANSACTION OPÉRATIONS DE M&A OPÉRATIONS DE CAPITAL-INNOVATION LBO BUILD UP OPÉRATIONS DE CAPITAL-DÉVELOPPEMENT OPÉRATIONS DE FINANCEMENT OPÉRATIONS DE BOURSE 91 24 16 13 11 6 4S’engager auprès des entreprises et de leurs dirigeants pour les accompagner sur le chemin d’une croissance forte et durable, c’est notre mission depuis 20 ans. 2 place Rio de Janeiro 75008 I www.anderapartners.com T : +33 1 85 73 64 00 I F : +33 1 85 73 64 37 Andera PartnersAnderaPartners Notre conviction est que l’on ne réussit son développement que lorsque l’on est bien accompagné et que l’on trouve du plaisir à travailler ensemble. En 2022, Andera Partners fête ses 20ans.48 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Mars 2022 www.cfnews.net FOCUS SECTORIEL - AGRO-ALIMENTAIRE Les produits locaux plébiscités C ertains acteurs du marché portent, en effet, toujours les stigmates de la crise. Les entreprises positionnées sur la RHF et l’export ont contribué lourdement à la baisse de 22 % du chiffre d’affaires recensée par l’As- sociation Nationale des Industries Alimentaires lors du premier confinement. « Le marché n’est pas monolithique, et les niveaux de valorisation non plus. Les secteurs en faible croissance, affichent des multiples stables, à environ 7 fois l’Ebitda. A l’opposé, certaines sociétés en forte croissance se valorisent L’APPÉTIT CROISSANT DU CAPITAL-INNOVATION L es valorisations stables affichées par l’agro-alimentaire - avec un multiple d’Ebitda moyen record de 15,5x en 2021, contre 13,6x en 2020 et 14,0x en 2019 selon l’indicateur Unigrains des valeurs cotées de l’agro-alimentaire (IAA 80) - ont conforté l’intérêt de nouveaux acteurs ANNE-VALÉRIE BACH, ASSOCIÉE, CAPAGRO. plus en reste. Lienhart s’est ainsi adossé à son confrère alsacien CAC tandis qu’Aqualia a fait le choix d’entrer dans le giron de Le Gouessant. Sans oublier le mouvement de consolidation des PME et ETI de la filière : « en ces périodes mouvementées, certaines entreprises familiales ont estimé que le moment était opportun pour se rapprocher d’acteurs plus établis, ayant des structures et des modèles résilients », ajoute Pierre Jourdain, président du conseil d’adminis- tration d’Azulis Capital. Pour accompagner cet appétit de croissance externe, certains conseils M&A ont adopté une démarche buy side. « Du fait des liquidités abondantes sur le mar- ché, nous avons accepté davantage de missions d’achat qu’à l’accoutumée. A l’inverse, il n’est pas toujours facile de convaincre les vendeurs que le moment est opportun car ils préfèrent at- tendre d’avoir pleinement retrouvé leur niveau d’activité de 2019 et redressé leurs marges », explique Alexandre Briand, directeur associé chez In Extenso Finance & Transmission, fai- sant également état d’un « retard [qui] n’a pas encore été rattrapé pour de nombreux projets d’investissement ».49 © Tous droits réservés CFNEWS - MAGAZINE - Mars 2022 www.cfnews.net L’APPÉTIT CROISSANT DU CAPITAL-INNOVATION pour la filière aux côtés des géants histo- riques que constituent notamment Céréa, Unigrains ou encore Idia CI. Certains re- vendiquent un tropisme pour l’impact in- vesting, comme Nature4Growth (géré par Audacia) ou encore MiiMOSA Transition #1, premier véhicule institutionnel de la plate- forme de crowfunding éponyme. D’autres, comme Astanor, affichent une colora- tion de capital-innovation, segment qui a connu une véritable accélération ces der- niers mois. « Notre deal flow a été multiplié par 10 entre 2018 et aujourd’hui », note ainsi Anne-Valérie Bach, associée chez Capagro, en pleine levée d’un second véhicule pour accroître ses capacités d’investissement. Parmi les 26 opérations de capital-innova- tion recensées par les bases CFNEWS sur la période (contre 23 en 2019), figure la levée de 20 M€ opérée par le producteur de lar- dons et bacon à partir de protéines de soja La Vie, ou encore celle des agtech Jungle. bio (7 M€) et Gaïago (6 M€). Un contexte porteur dont a bénéficié la foodtech dans son ensemble, comme le spécialiste de la livraison de courses à domicile La Belle Vie. « Alors que nous connaissions histo- riquement un taux de croissance annuel de l’ordre de 100 %, la crise nous a amenés à croître de 400 % en quelques semaines début 2020 », chiffre Paul Lê, co-fondateur de la plateforme ayant levé 25 M€ fin 2021 notamment auprès de Left Lane, Quadrille Capital et Capagro. Ces performances al- léchantes ont en effet renforcé un attrait déjà bien marqué par les investisseurs et… la compétition sur les dossiers. « L’efferves- cence autour de cette industrie durcit les conditions des deals : les levées de fonds gagnent en taille pour répondre aux ambi- tions plus importantes des entrepreneurs et, de façon mécanique, les prix grimpent. Reste à prouver que cette hausse des va- lorisations se vérifiera également sur les sorties », s’interroge l’associée, confiante au vu des IPOs réalisées par le secteur ces derniers mois comme celles du réseau spécialisé dans la vente de surgelés Eco- miam valorisé 39 M€ ou du distributeur de fruits et légumes exotiques Omer-De- cugis & Cie affichant une capitalisation de 63,3 M€. à environ 10 fois voire au-delà », analyse Arnaud Pradier, directeur associé chez Idia Capital Investissement. Cette seconde catégorie inclut notamment les acteurs des ingrédients - comme Solina vendu à Astorg pour plus d’1,7 Md€ (voir le tableau page 50) - et, plus étonnamment, certains présents sur les étals de la grande distribution. « La pandémie a amplifié l’attrait des consom- mateurs pour les produits issus des circuits courts, ou bénéficiant d’un label qualité comme l’IGP. Ceux-ci ont parfois même été privilégiés au bio pour des questions d’empreinte carbone », assure ainsi Jacques Ropartz. Autant de seg- ments porteurs qui ont notamment favorisé la cession à Fipso du pôle salaisons Next >